Pourquoi les noms de villes et de pays sont-ils parfois traduits ?
Comme tout nom propre, il arrive qu’un nom de ville ou de pays soit traduit d’une langue à l’autre. Mais pourquoi London devient-il Londres...
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Comme tout nom propre, il arrive qu’un nom de ville ou de pays soit traduit d’une langue à l’autre. Mais pourquoi London devient-il Londres en français et comment Deutschland peut-il devenir Allemagne chez nous ?
Nous allons voir ensemble que les cas sont multiples et que la première règle à retenir pour comprendre pourquoi les toponymes (noms de lieu) sont parfois traduits… est qu’il n’existe pas de règle ! Madrid et Amsterdam sont en effet de parfaits contre-exemples aux multiples villes dont le nom a été traduit. En revanche, on peut identifier plusieurs raisons expliquant pourquoi certaines villes ainsi que des pays ont pu être traduits, et comprendre avec quelle logique ils l’ont été.
Qu’il s’agisse des noms que nous francisons ou des communes françaises que nous retrouvons sous différentes formes à l’étranger, on peut s’interroger sur la traduction des toponymes, ces mots qui englobent les villes, les régions et les pays. On parlera d’exonyme pour désigner un nom de lieu tel qu’il est traduit dans une langue étrangère, par opposition à l’endonyme, c’est-à-dire au nom qui lui est donné localement. Or, si l’on observe une mappemonde, on se rendra facilement compte que le phénomène est très aléatoire.
L’une des grandes raisons que l’on peut dégager est toutefois historique. Dans la plupart des cas, en effet, la nécessité de traduire le nom d’un pays ou d’une ville est née au cours des siècles, en fonction des besoins. Les relations en tous genres (politiques, commerciales, culturelles…) ont tout simplement poussé à trouver un nouveau mot pour désigner un lieu donné dans la langue d’un pays étranger.
Les exonymes qui perdurent aujourd’hui portent souvent les traces du passé glorieux de villes ayant connu de riches échanges avec d’autres peuples. Parmi les nombreux exemples, on peut citer celui des grandes villes portuaires : d’Anvers, en Belgique, qui s’appelle localement Antwerpen, jusqu’à Venise (Venezia en italien), en passant par Corinthe (Kórinthos en grec).
On a traduit au cours de l’histoire les noms de villes et de pays avec lesquels on a établi un lien, que celui-ci soit égalitaire (un rapport commercial, par exemple) ou de soumission. Lorsqu’un toponyme est traduit, on peut en effet être dans un phénomène d’appropriation, certains peuples ayant fait ce choix pour intégrer le nouveau nom à leur langue.
Colonisation et guerres sont deux des grands facteurs pouvant faire bouger les lignes, certains pays affichant leur volonté de s’approprier un lieu en adaptant son nom. Si ces mots sont bien souvent entrés dans le vocabulaire il y a plusieurs siècles et sont ainsi le marqueur du monde d’autrefois, les raisons politiques peuvent encore créer des changements à l’époque moderne. Ainsi, en Pologne, les noms de villes de l’ancienne Allemagne de l’Est ont été traduits (par exemple, Danzig est devenu Gdańsk). Et, récemment, le peuple ukrainien a exprimé sa volonté que sa capitale, Kiev, se détache de cette appellation directement liée à la langue russe pour devenir Kyiv, son nom ukrainien.
L’autre grande explication à la traduction de noms de villes ou de pays est celle d’un besoin lié aux caractéristiques de la langue. Depuis leurs origines anciennes, les noms de villes peuvent tout simplement avoir connu la même évolution que celle de la langue : l’étymologie reste la même, mais le mot subit des mutations qui finissent par créer un nom différent tout en étant proche de l’endonyme.
On retrouve souvent ce cas pour les villes d’Europe, dont les origines latines ont été sujettes à une évolution finalement assez proche de celle des langues en elles-mêmes. Pour en citer un exemple, la ville allemande dont le nom latin est Mogontiacum est devenue Mainz localement, Mayence en français et Magonza en italien.
Parfois, cette évolution se maintient dans le temps et, parfois, au contraire, les habitudes changent : c’est pourquoi les Italiens ont longtemps parlé de Strasbourg comme d’Argentina, dérivé du nom latin de la ville (Argentoratum), avant que la traduction du nom français prévale (Strasburgo).
Il arrive aussi que certains toponymes soient trop difficiles à prononcer, ce qui a poussé certains pays à leur trouver une traduction. Cela ne veut pas dire que ceux qui ne sont pas traduits sont bien prononcés dans toutes les langues, mais la phonétique est suffisamment proche pour qu’ils rentrent dans l’usage sans difficulté. Un Français dira donc New York sans trop de mal (quitte à prononcer “nouille orque” !) là où un Italien a pu longtemps dire Nuova York, un mot toutefois de moins en moins usité à l’heure de la mondialisation.
Bien souvent, également, les noms de lieux sont traduits dans la langue de leurs voisins. Les Français frontaliers connaissent Vintimille au lieu de Ventimiglia (en Italie), Fontarrabie au lieu de Hondarribia (en Espagne) et Sarrebruck au lieu de Saarbrücken (en Allemagne). Et au-delà même des frontières nationales, on retrouve plus facilement ces cas de traductions de toponymes quand les sites se trouvent à proximité de différentes zones linguistiques, comme au sein même de la Belgique où la plupart des villes ont plusieurs traductions.
On peut globalement distinguer trois manières de créer un toponyme traduit dans une langue étrangère :
Dans certains cas, le nom des pays est traduit de façon fidèle lorsqu’il est mentionné dans une langue étrangère. C’est le cas pour England, qui signifie littéralement “la terre des angles” et que l’on traduit en français par Angleterre, en conservant donc la même étymologie. On retrouve aussi cette logique pour la traduction italienne de München (devenu Munich en français) : s’ils disent Monaco di Baviera, c’est que les Italiens traduisent le « moine » qui, en vieux haut allemand, a donné München.
La traduction est parfois vraiment calquée. Ainsi, il est curieux de noter que Lille se dit Rijsel en néerlandais, pour la simple et bonne raison que ce mot signifie littéralement « l’île » et qu’il reprend donc l’étymologie première du nom de la ville (« l’isle » en ancien français).
Parfois, le toponyme est conservé de manière assez fidèle dans une langue étrangère, mais avec une adaptation qui fait que le nouveau mot correspond aux codes de la langue en question, à la fois en termes de phonétique et de graphie. On peut citer, par exemple, Danemark qui, en français, reproduit le Danmark danois au lieu de traduire sa signification.
Le japonais est coutumier de cette technique. Ainsi, pour dire France, on emploie le mot Furansu. Plus généralement, cela se fait beaucoup lorsque l’alphabet est différent dans une langue étrangère : on adapte alors souvent phonétiquement et graphiquement le nom de la ville ou du pays que l’on désigne.
Parfois, l’exonyme est si différent qu’il semble avoir été inventé de toute pièce, mais c’est bien souvent qu’une autre logique a été suivie. Prenons l’exemple d’Aix-la-Chapelle : cette ville allemande s’appelle Aachen outre-Rhin, une appellation sans grande ressemblance avec la nôtre. Le fait est que le nom français vient du latin, acquis pour l’eau et capella pour la chapelle. Cette dernière abritait une relique et avait été construite par Charlemagne à l’époque où le roi des Francs y avait établi la capitale de son empire. De la même façon, la ville de Ratisbonne, toujours en Allemagne, tient son nom français de ses origines celtiques, désignant une ville fortifiée, alors que son nom allemand (Regensburg) mêle la référence aux fortifications et à la rivière locale.
Le mot Londres vient d’abord de l’ancienne appellation anglaise de la ville (Lunden), puis de l’adaptation phonétique du mot au français, avant l’évolution naturelle de la langue.
Marsiglia est l’exonyme italien de Marseille. Les Allemands, eux, ont longtemps dit Massilien, avant d’adopter Marseille comme l’ont fait de nombreux pays flamands, scandinaves et d’Europe de l’Est. Quant aux anglophones, ils ont choisi Marseilles, avec un s à la fin !
Les trois ! Bruxelles est le nom francophone (et donc wallon) de la capitale belge. Brussel est son nom flamand et néerlandais. Les Anglais y ont ajouté un s final pour former Brussels, tandis que les Allemands ont adapté phonétiquement à leur langue en formant Brüssel.
C’est un exemple très parlant en matière de traduction de nom de ville. De Colonia, son nom latin, la ville est devenue Köln dans une prononciation typique de l’allemand, assez complexe du point de vue français avec son umlaut. Le nom a évolué parallèlement vers une forme beaucoup plus adaptée à notre langue avec le nom de Cologne.
Pour conclure, le meilleur exemple réunissant les différents types d’approche est sans doute celui de l’Allemagne. D’un bout à l’autre du monde, on désigne le pays de différentes manières, lesquelles peuvent se classer dans diverses catégories :
Une chose est certaine : il ne faut pas forcément chercher de logique dans le fait que certains noms de villes et de pays sont traduits et d’autres non. En revanche, connaître parfaitement ces traductions et adaptations fait partie des compétences incontournables demandées aux traducteurs professionnels.
Les experts de la traduction réunis dans le panel de Traduc.com connaissent parfaitement ces multiples manières de nommer villes et pays d’une langue à l’autre. Demandez un devis pour vos traductions et nous répondrons à tous vos besoins parmi plus de 90 langues.
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