Faut-il éviter les anglicismes dans la traduction ?
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C’est LE sujet qui agace les défenseurs de la langue française : les anglicismes qui se glissent de plus en plus dans nos échanges quotidiens. Si vous hésitez face à un...
C’est LE sujet qui agace les défenseurs de la langue française : les anglicismes qui se glissent de plus en plus dans nos échanges quotidiens.
Si vous hésitez face à un terme anglais à employer dans une traduction, dites-vous bien qu’il y a les bons et les mauvais anglicismes. Voici quelques clés pour vous y retrouver !
Un anglicisme est un emprunt fait à la langue anglaise et utilisé dans une autre langue. Il existe plusieurs sortes d’anglicismes, que l’on peut réunir dans deux grandes familles : ceux qui portent sur l’emploi de certains mots (anglicismes lexicaux ou sémantiques) et ceux qui touchent à la justesse orthographique ou grammaticale (anglicismes syntaxiques, morphologiques ou encore graphiques).
Le premier niveau d’anglicismes, ce sont les situations où des expressions et mots anglais sont employés tels quels en français. L’anglicisme lexical désigne les cas où l’anglais s’impose, que le terme existe bel et bien dans notre langue ou pas.
L’anglicisme sémantique en est très proche, à ceci près que le mot anglais est employé par erreur car il ressemble à ce que l’on veut dire en français.
L’autre grande catégorie d’anglicismes concerne les erreurs faites d’un point de vue grammatical et orthographique. Lorsqu’une tournure de phrase est calquée sur l’anglais, on parle d’anglicisme syntaxique. Quand la faute porte sur la formation des mots, il s’agit d’un anglicisme morphologique. Enfin, lorsque l’on applique en français une orthographe, typographie ou ponctuation répondant aux règles anglaises, c’est un anglicisme graphique.
Il convient de préciser que les anglicismes existent dans toutes les langues, mais intéressons-nous ici à ceux qu’il faudrait éviter ou, au contraire, conserver dans les traductions anglais-français.
L’Académie française combat l’emploi des anglicismes par crainte d’un appauvrissement de la langue. Elle y voit des termes anglais empêchant le français de se développer face à un nouveau concept, mais aussi de l’anglais qui se mêle au français et le supplante en effaçant sa richesse lexicale ou grammaticale. Voici dans quels cas il convient de suivre ses recommandations.
L’anglicisme syntaxique, morphologique ou sémantique est une véritable erreur linguistique : il s’agit de l’emploi d’un terme ou d’une construction grammaticale propre à l’anglais et que l’on transpose en français. Pour citer quelques exemples, traduire definitely par définitivement au lieu de certainement est un anglicisme de ce type, de même que parler de global au lieu de mondial ou dire que quelque chose fait sens alors qu’il a du sens (it makes sense en anglais).
Il s’agit parfois de faux-amis (des mots qui se ressemblent mais n’ont pas le même sens) et bien souvent de mauvaises traductions de l’anglais vers le français. Ce sont les traductions mécaniques, faites au mot à mot, qui ont tendance à produire ces anglicismes. S’agissant de réelles fautes de langue, ils sont à bannir absolument.
Adopter le bon terme n’est pas qu’une question de choix : il faut aussi, bien évidemment, suivre les obligations légales. Ainsi, la loi Toubon exige de traduire les termes étrangers qui s’emploient dans la publicité, le commerce, les médias, les services et les institutions. Elle a pour mission de défendre la langue et impose pour cela à la communication publique l’usage de termes français ou la traduction systématique des mots étrangers employés.
Quand on traduit un texte de l’anglais au français, il ne s’agit pas de radicalement exclure tout emprunt à l’anglais : certains anglicismes sont tout à fait tolérés, voire recommandés.
L’anglicisme lexical est celui qui fait le plus débat : dans quelle mesure, en effet, doit-on estimer qu’un terme anglais n’a pas à s’imposer dans l’usage commun d’une langue vivante qui, par définition, évolue ?
On trouve un grand nombre d’anglicismes lexicaux dans des domaines très spécialisés et mondialisés. Emprunter des mots à l’anglais est monnaie courante dans le sport ou encore dans d’innombrables filières professionnelles, des secteurs internationaux où de nouveaux concepts se diffusent d’abord par l’anglais.
Une fois intégrée, leur appellation anglaise a tendance à perdurer dans l’usage commun, entraînant par la suite une tolérance dans la manière de les nommer.
L’emploi d’anglicismes peut aussi concerner les mots intraduisibles, ceux qui désignent des objets spécifiques à la culture d’un pays anglophone, ou encore des notions d’une plus grande richesse que celles que l’on trouve dans la langue française.
Dans ces cas-là, l’anglicisme comble un manque dans notre langue, avec un concept ou une nuance que le français ne sait représenter, comme le spleen, adopté par nos plus grands poètes.
Et puis, il y a tout simplement l’évolution naturelle de la langue. Les échanges, beaucoup plus internationalisés qu’autrefois, laissent en effet entrer de multiples mots étrangers. Dans la culture comme dans beaucoup de secteurs professionnels, la mondialisation a entraîné un mélange des langues… Un melting-pot, oserait-on dire, qu’il serait vain d’essayer de combattre.
Beaucoup de nos habitudes quotidiennes empruntent à l’anglais, et les refuser peut vous placer en décalage avec la langue d’aujourd’hui. Mail, week-end, smoothie… De nombreux termes anglais sont entrés dans la vie quotidienne, devenant des néologismes, c’est-à-dire des nouveaux mots dans la langue, jusqu’à finir, pour certains, par entrer dans le dictionnaire. Leur usage est si courant que chercher à les remplacer à tout prix par leur équivalent français vous donnera un langage désuet.
On trouve aussi une grande concentration d’anglicismes lexicaux dans certains secteurs professionnels. Dans les entreprises liées à la communication, au marketing ou encore à la Tech, par exemple, on est dans le rush et on donne son feedback en call ; si vous tentez de dire que vous travaillez dans l’urgence et que vous souhaitez apporter votre retour lors d’une réunion téléphonique, vous risquez d’être regardé de travers.
C’est là aussi que l’on trouve le plus de cas hybrides, ceux où un terme anglais s’ajoute à une construction française (composition du mot, conjugaison, orthographe) pour former un nouveau mot : customiser, débriefer, manager…
La grande question, c’est : comment savoir qu’un anglicisme doit être évité ou conservé dans une traduction ? Tout simplement, en faisant appel à un traducteur de métier, qui est habilité à faire les bons choix. Ceux-ci dépendent d’abord du contexte : la loi à respecter pour les textes institutionnels, le niveau de langue entre ton familier et formel, et bien sûr la spécialisation d’un texte qui peut rendre un anglicisme pertinent, voire incontournable.
Il faut savoir faire la différence entre les anglicismes qui sont des fautes de français, ceux qui sont passés dans le langage courant et ceux qui s’imposent dans certains secteurs. Un traducteur professionnel travaille dans sa langue natale et opère dans un domaine de spécialisation, deux critères qui lui permettent d’avoir un jugement pertinent sur les termes à employer.
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