Quelles sont les voyelles en arabe ?
Quelles sont les voyelles en arabe ? C’est une question faussement simple, mais qui se pose forcément à un locuteur-lecteur utilisant un alphabet à la...
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Quelles sont les voyelles en arabe ? C’est une question faussement simple, mais qui se pose forcément à un locuteur-lecteur utilisant un alphabet à la fois vocalique et...
Quelles sont les voyelles en arabe ? C’est une question faussement simple, mais qui se pose forcément à un locuteur-lecteur utilisant un alphabet à la fois vocalique et consonantique (c’est le cas de l’alphabet latin, mais aussi de l’hébreu). Et cette question est loin d’être anodine, car elle conditionne toute la compréhension, la lecture et la prononciation de la langue arabe.
La langue arabe rassemble environ 350 millions de locuteurs à travers la planète et est aujourd’hui la langue sémitique la plus parlée au monde. L’alphabet arabe est l’alphabet officiel en Afrique du Nord et dans le Proche-Orient, mais constitue aussi un alphabet officiel cohabitant avec d’autres dans certains pays qui sont des poids lourds en termes de démographie, par exemple l’Inde.
Le fonctionnement de l’alphabet arabe et de ses voyelles demeure, à tort, un mystère pour beaucoup d’entre nous. Nous l’avons souvent eu sous nos yeux lors de voyages ou d’études, il semble familier ou gracieux à certains, mais énigmatique pour la plupart d’entre nous. Il se peut qu’un jour, une nécessité professionnelle change la donne pour vous, en vous incitant à découvrir voire à maîtriser cet alphabet et ses riches voyelles. En effet, les pays du monde arabe, et plus largement les pays dont l’un des alphabets officiels est l’arabe peuvent représenter des partenaires commerciaux ou de nouveaux marchés particulièrement intéressants si vous souhaitez ouvrir votre entreprise à l’international. Que vous soyez mu par la nécessité, ou simplement par la curiosité vis-à-vis des voyelles arabes, cet article est fait pour vous. Tout l’enjeu est de vous faire découvrir quelles sont les voyelles arabes, et à travers elles, quelles sont les particularités de l’alphabet et de la langue arabes.
Avant de nous pencher sur les voyelles arabes, un détour s’impose par la structure même de l’alphabet arabe, si différent de notre alphabet latin.
L’alphabet arabe (ou « abjad ») descend du phénicien, ce qui au niveau de ses racines le rapproche des alphabets hébreu, grec, cyrillique et enfin latin. L’alphabet arabe est né en Mésopotamie, plus exactement dans le Croissant fertile au bord de l’Euphrate : en effet, c’est à Koufa qu’on relève la première écriture arabe dite « kufi ». Autre date clé : c’est au VIIè siècle qu’on ajoute des points sur ou sous certaines lettres.
Au fur et à mesure de son expansions, l’abjad a pu être adapté au système phonologique de plusieurs langues indo-européennes, parmi lesquelles le kashmiri, le kurde, le persan ou encore l’ourdou. Mais l’alphabet est aussi adapté à des langues africaines comme le wolof (très répandu au Sénégal et en Mauritanie), le somali (parlé dans la Corne de l’Afrique) ou encore le swahili (parlé en Afrique de l’Est et notamment au Kenya). Chacune de ces langues reprend le squelette de nombreuses lettres de l’abjad arabe, en distinguant ces formes de base par l’adjonction ou la suppression de points.
L’alphabet arabe compte 28 lettres – ou 29, selon qu’on considère l’« hamza » comme une lettre ou comme un signe diacritique. Toutefois, ces lettres ne possèdent pas une forme immuable : elles peuvent au contraire changer de forme selon leur place dans le mot (initiale, médiane, finale ou isolée), ce sont ce qu’on appelle des variantes contextuelles.
Signe particulier ? Il se lit de droite à gauche, à l’instar des alphabets syriaque et hébreu. A noter aussi que les lettres arabes ne connaissent pas de différence entre leur forme manuscrite et leur forme imprimée, pas plus qu’elles ne connaissent de minuscule ni de majuscule.
Enfin, comme les autres langues sémitiques, l’alphabet arabe présente une particularité qui lui vaut sa richesse mais aussi sa réputation de difficulté : c’est que le sens de ses phrases peut grandement varier selon le contexte. Seule une solide connaissance de la langue permet de déterminer quel mot est le bon en fonction du contexte. La raison de cette marge d’interprétation à la lecture ? Elle est due à la structure consonantique des langues sémitiques : les consonnes y sont porteuses du sens, et les voyelles de la fonction grammaticale. La sémantique d’ensemble prime, comme c’est le cas dans les idéogrammes : une grande partie de la compréhension incombe au lecteur.
Comme on l’a dit, l’alphabet arabe est un alphabet consonantique. Les « voyelles » n’y jouent donc pas le même rôle que dans notre alphabet latin, où elles possèdent un statut de lettre équivalent aux consonnes. En arabe, les voyelles se rapprochent plutôt de ce qu’on appelle des signes diacritiques, c’est-à-dire des éléments qu’on adjoint à une lettre pour en modifier la valeur, pour distinguer le mot auquel elle appartient d’un mot à la graphie similaire. Un peu comme la racine, l’indice ou l’exposant qu’on appose près d’un nombre dans le langage mathématique… les voyelles vont donc servir à infléchir le sens d’un mot d’abord déterminé par ses consonnes. On comprend mieux l’idée évoquée plus haut, selon laquelle une bonne connaissance du lexique est présupposée à une bonne lecture…
Les quatre voyelles arabes sont les suivantes : fat-ha, damma, kasra et soukoun. La voyelle fat-ha donne à l’oral le son « è ». La kasra rend le son oral « i », tandis que la damma se prononce « ou ». Quant à la soukoun, elle se distingue par un petit rond suscrit (c’est-à-dire situé au-dessus de la consonne qu’elle modifie) et se traduit à l’oral par une aspiration de la consonne concernée. La fat-ha, la damma et la soukoun sont suscrits (au-dessus de la consonne qu’elles modifient), seule la kasra est souscrite (elle se situe au-dessous de la consonne qu’elle modifie). Dans notre logique vocalique latine, cette dernière, la soukoun, est donc à mettre à part au niveau de son rendu qui n’est pas à proprement parler vocalique, mais aspiré. Dans les langues indo-européennes, cette même aspiration peut se manifester différemment : par exemple avec un « h » aspiré en français et en anglais, ou avec un accent suscrit à gauche de la consonne initiale dans l’alphabet grec.
On retiendra par ailleurs qu’en arabe, il ne peut pas y avoir deux voyelles différentes sur un même mot. Pour retenir cette règle, si vous n’êtes pas arabophone, vous pouvez penser à des mots français ne contenant qu’une même voyelle car directement empruntés à l’arabe. Il en va ainsi du mot « hasard » issu de l’arabe « az-zahr » (le dé à jouer), ou du mot « baraka », passé en français pour désigner la chance, ou dans son sens premier l’influence bénéfique de source divine, issu du mot arabe désignant la faveur du ciel.
Nous venons de présenter les quatre voyelles dans l’alphabet arabe. Mais pour mieux comprendre leur fonctionnement au sein de l’alphabet arabe, encore faut-il regarder de plus près leurs différentes versions, selon qu’elles sont brèves, longues ou dédoublées.
Dans leur forme brève, les voyelles se reconnaissent comme suit : un petit trait oblique suscrit pour la fat-ha, un petit trait oblique souscrit pour la kasra, un petit « e » cursif inversé suscrit pour la damma. La nuance ou l’intensité à apporter à la prononciation de ces voyelles brèves dépend fortement de la consonne qui suit. N’oublions pas : en arabe, les voyelles ont un rôle de distinction grammaticale ou de nuance de sens plus proche de nos accents latins que de nos voyelles ! Bon, c’est bien de savoir comment s’écrivent ces voyelles arabes sous leur forme brève. Mais on doit tout de suite vous dire quelque chose : la plupart du temps, ces voyelles sous leur forme brève… ne s’écrivent tout simplement pas. En effet, on ne les trouve que dans le Coran, des textes didactiques pour apprendre la lecture ou des livres pour enfants. Une fois que vous avez acquis un peu d’habileté à manier l’arabe moderne standard, vous pouvez fort bien vous passer de ces « béquilles » rarement représentées dans les textes arabes les plus courants au quotidien.
Les voyelles arabes connaissent aussi une forme double, appelée « tanwîn » en arabe. Comment se transcrivent-elles ? Selon le principe suivant : la voyelle brève est dédoublée, et suivie du son « n ». Ainsi, la fat-ha devient fat-hatan, la kasra kasratan et la damma dammatan.
Enfin, ce tour d’horizon du fonctionnement des voyelles en arabe ne serait pas complet si l’on n’évoquait pas également les voyelles longues. Celles-ci sont dites aussi « prolongations » (al moudoud en arabe). Elles sont au nombre de trois : le alif, le waw et le ya. Elles suivent toujours la lettre qu’elles modifient, et se situent ou au milieu, ou à la fin d’un mot. Ces voyelles longues ont pour effet d’allonger la prononciation de la lettre lue.
Quelle richesse, mais aussi quelle complexité que ce système de voyelles arabes pour un locuteur non arabophone ! D’ailleurs peut-être êtes-vous en train de vous dire que si vous apprenez les consonnes et globalement quelles sont les voyelles en arabe, ce sera déjà satisfaisant, ou encore que les voyelles longues ne changent pas radicalement un son et sont par conséquent des subtilités à réserver aux linguistes les plus téméraires…
Sachez qu’il n’en est rien : apprendre et comprendre l’arabe, autant dans sa logique morphologique, que dans sa lecture, dans son écriture et dans sa prononciation, passent par une compréhension globale, où les connaissances du lexique, du contexte et de l’alphabet interagissent et sont interdépendantes. Une voyelle longue oubliée ? C’est tout le sens d’un mot qui change, donc de votre phrase dans son ensemble.
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