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Typographie : comment éviter les stéréotypes ?

La typographie n’est pas exempte de stéréotypes. Certaines polices sont associées à un événement historique marquant, d’autres font systématiquement référence à un pays ou à une...

Publié par Solenne Ricard

La typographie n’est pas exempte de stéréotypes. Certaines polices sont associées à un événement historique marquant, d’autres font systématiquement référence à un pays ou à une culture. C’est ce que l’on appelle la stéréo typographie.

Alors, comment éviter les stéréotypes quand on choisit une typographie ? Voici quelques pistes à explorer pour mieux comprendre la stéréo typographie et ainsi l’éviter.

Qu’est-ce que la stéréo typographie ?

Une police suscite nécessairement des émotions. Elle est utilisée pour appuyer le sens et le ressenti d’une conception graphique. Le pouvoir suggestif de la typographie est donc très important. Dans certains cas, ce pouvoir suggestif donne un sens culturel ou ethnique à une typographie.

Luxe, futurisme, guerre… Nous associons nos choix de police à des concepts très variés. Dans ce cas, le stéréotype, bien que présent, n’est pas encore insultant. En revanche, de nombreuses polices sont automatiquement perçues comme exotiques.

Attention : Une considération basée sur leur contexte d’utilisation et non sur leurs caractéristiques innées. Car les polices souffrant de stéréotype n’ont jamais été originellement conçues pour représenter une part de la population plutôt qu’une autre.

Les connotations parfois racistes de ces polices se sont en réalité progressivement développées. Leurs apparitions répétées sur les affiches promotionnelles, les couvertures de livres, les ont petit à petit intrinsèquement liés à un préjugé, renforçant leur connotation ethnique ou culturelle dans l’esprit du public.

Le stéréotype est un élément nécessaire à l’élaboration de l’identité sociale. Mais il s’agit aussi d’un schéma de pensée extrêmement simplificateur qu’il n’est pas toujours facile de dépasser. En effet, nous sommes tous sujets aux préjugés, même de manière inconsciente.

À lire aussi : Typographie : 5 astuces pour devenir un expert

Ces polices aux stéréotypes évidents

La grande majorité des typographiques assimilées à un pays ou à une culture est victime de stéréotypes depuis l’essor colonial de la civilisation occidentale. Ces polices sont souvent clairement marquées par le contexte raciste de cette époque qui réduit la culture complexe d’un pays à un simple trait culturel, de surcroît considéré comme primitif.

C’est durant cette période que les typographies aux accents asiatiques, arabes ou encore grecs… voient le jour.

Neuland

L’une des plus marquées n’est autre que Neuland, considérée au début du XXe siècle comme une typographie rebut. Elle va alors copieusement alimenter les visuels afro-américains incontestablement racistes.

Dans les années 1940, elle continue d’être utilisée pour représenter la population noire, mais perd son caractère raciste pour celui de stéréotype.

ChopsUey

Un autre exemple que vous ne manquerez pas de reconnaître, la police ChopsUey qui manque totalement de saveur et de nuance.

Cette typographie dite « asiatique », imite un ou deux petits coups de pinceau afin de former un alphabet qui est en fait bien loin de traduire les nuances et l’harmonie de la calligraphie.

Les polices gothiques

Certaines polices ont également été marquées par l’histoire. Comment ne pas citer ici l’exemple des polices gothiques qui souffrent encore aujourd’hui de leur utilisation dans la propagande nazie. Dans les années 30 à 45, on les considère même comme un signe distinctif aryen.

Parmi les polices appréciées par le nazisme, s’en trouve une bien plus moderne : la Futura, qu’Hitler affectionnait tout particulièrement. Cette dernière ne souffre toutefois plus de son histoire, au contraire des polices gothiques toujours très fortement connotées.

À lire aussi : 7 outils pour créer sa propre typographie

Choisir sa typographie en évitant les stéréotypes

Pour vous soustraire au diktat du stéréotype, préférez choisir vos polices en fonction de leur personnalité :

  • Si vous illustrez un propos empreint de tradition, de respectabilité et de sérieux… utilisez les serifs à empattements (exemple : Garamond).
  • Lorsque le sujet est à la fois moderne et épuré, optez pour une sans serif (exemple : Helvetica).
  • Utilisez les polices fantaisies comme simple ornement de votre création et non pour transmettre les informations essentielles.
  • Les cursives sont idéales pour exprimer les sentiments et la créativité.
  • Utilisez les polices monospace à largeur fixe pour exprimer force et clarté (exemple : Courier New).

Vous pouvez également choisir de créer votre propre typographie totalement dénuée de stéréotype. À condition de vous débarrasser de vos préjugés inconscients.

Il appartient aujourd’hui aux spécialistes du marketing d’adopter de nouvelles pratiques typographiques et ainsi viser plus de neutralité.

Nous ne pouvons et ne devons plus nous permettre d’utiliser des polices considérées au pire comme racistes, au mieux comme réductrices et simplificatrices. D’autant que si une typographie n’est pas raciste en tant que telle, son utilisation peut rapidement le devenir.

À lire aussi : Top 15 des meilleures et des pires typographies

Conclusion

La stéréo typographie a malheureusement encore de belles années devant elle, pour la simple raison qu’elle est commercialement efficace.

Réductrice, sans subtilité et colportant de lourds préjugés, elle fonctionne pourtant comme raccourci visuel efficace. Elle donne ainsi, d’un seul coup d’œil, le ton d’une conception graphique. Cette standardisation par la typographie peut et doit toutefois être évitée au maximum par les graphistes et designers. D’autant que la pilule ne passe plus !

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