Comment traduire les accents à l’écrit ou au cinéma ?
Vous aussi, vous avez parfois pesté contre un doublage qui gommait l’accent d’un personnage ? Mais vous êtes-vous déjà demandé quelles...
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Vous aussi, vous avez parfois pesté contre un doublage qui gommait l’accent d’un personnage ? Mais vous êtes-vous déjà demandé quelles pouvaient être les techniques pour venir à bout de ce qui est un casse-tête pour bon nombre de traducteurs : réussir à rendre, à l’oral ou à l’écrit, l’accent d’un personnage ?
Sur notre plateforme de traduction, on ne le sait que trop bien : traducteur est un métier pluriel et bien plus compliqué qu’il n’y paraît. Car traduire, ce n’est pas seulement transposer des mots d’une langue à l’autre, c’est aussi respecter un contexte ou une atmosphère sans omettre les connotations et nuances voulues par l’auteur.
Alors, dans sa propre langue ou dans une langue étrangère, comment “écrire un accent” et comment bien le rendre dans un doublage ?
L’accent dit beaucoup d’un personnage, il transmet des informations qui vont orienter notre regard sur lui. C’est bien sûr, avant tout, le révélateur d’une origine géographique. On cerne instinctivement d’où vient celui qui ne parle pas comme nous, qu’il soit d’un autre pays ou d’une autre région. Dans les films ou les séries, cet accent pose immédiatement un contexte, sans avoir besoin de longues descriptions.
Il y a aussi l’accent de classe, celui qui donne des indications sur le milieu social d’un personnage : on ne parle pas de la même façon dans les beaux quartiers et dans les banlieues, dans les centres d’affaires ou les régions ouvrières. Intuitivement, on perçoit dans la manière de s’exprimer un niveau de vie, voire un degré d’éducation.
Souvent, l’accent constitue un véritable pilier humoristique dans les films. Qui ne connaît pas l’accent british de Laurel et Hardy ? Leurs films ont été doublés avec un très fort accent devenu leur signe distinctif, passé à la postérité tant il contribue à l’aspect comique des situations.
Il n’est pas toujours évident de conserver les accents dans une version doublée. Les adaptateurs gardent généralement ceux qui sont indispensables pour la compréhension de l’histoire, mais on connaît tous des programmes ayant perdu de leur richesse avec un doublage incomplet, voire loupé.
Ça vaut même pour Game of Thrones ! Les accents très distinctifs, qui renseignent sur l’appartenance des personnages aux royaumes qui s’opposent, sont perdus dans la version française. Résultat ? Le spectateur est privé de clés de lecture de l’histoire.
Bien souvent, ces différences passent à la trappe lors du doublage, ou le film n’est même pas exporté. Ainsi, entre Roberto Benigni (toscan) et Massimo Troisi (napolitain) dans le grand succès italien Non ci resta che piangere, le ressort comique lié aux accents est uniquement compréhensible par ceux qui maîtrisent la langue.
Mais au lieu de contourner l’obstacle, comment être fidèle aux accents lors du doublage et faire entendre tout ce qu’ils portent comme informations ?
La traduction audiovisuelle (TAV) est un domaine bien spécifique, un métier avec des difficultés qui lui sont propres. Comment provoquer la même compréhension de l’identité d’un personnage en respectant ses propos et en intégrant les codes voulus par l’auteur, sans altérer la richesse de l’œuvre d’origine ? Sacré casse-tête !
Imiter l’accent est bien sûr la première solution à laquelle on peut penser. Mais encore faut-il que cela soit possible dans la langue cible… Et compréhensible !
Prenons deux situations différentes :
D’abord, le film Blues Brothers. Les deux protagonistes croisent toute une galerie de personnages, parmi lesquels une femme s’exprimant avec un accent espagnol ou une autre (Aretha Franklin, tout de même !) avec un accent noir africain.
Toutes deux sont doublées avec les codes habituels de ces accents en français, notamment le r [ʁ] que chacune roule à sa manière, [r] avec l’accent espagnol et [w] avec l’accent africain. Ça nous parle en français, c’était donc un cas facile.
Et quand le spectateur ne connaît pas l’accent ? Alors on peut reprendre l’effet général qu’il provoque dans la VO. Prenons Bienvenue chez les Ch’tis : lorsqu’il a été doublé en italien, les personnages ch’tis ont non seulement utilisé des expressions inventées, mais ils ont surtout imité cette prononciation. Elle n’existe pas en Italie, mais elle est suffisamment notable pour reproduire l’effet comique. Pari réussi !
Mais que fait-on avec des personnages de régions différentes ? Pour un Français, un Anglais d’Oxford ou de Manchester reste un anglophone, de même qu’un Marseillais ou un Dunkerquois sont deux Français aux yeux d’un Anglais. Alors, dans un doublage, il devient bien compliqué de rendre ce qui les différencie…
L’adaptation peut reprendre des signes distinctifs attribués aux accents. C’est le cas dans Love Actually, lorsque le personnage anglais de Colin rencontre trois Américaines qui fondent pour son accent sur de simples mots du quotidien.
Dans le doublage français, cette prononciation britannique est reproduite avec des connotations assez précieuses, que peut avoir l’anglais vu de France. Mais les Américaines, qui répètent ce qu’il dit avec un accent british, trouvent ça sexy et la scène est suffisamment claire pour qu’on le comprenne : l’effet est réussi.
Quand on ne peut pas imiter, le mot-clé, c’est “adapter” ! On peut appliquer des équivalences : des intonations attribuées aux campagnes françaises pourront très bien représenter l’accent d’un personnage rural dans un film allemand, par exemple.
Les signes distinctifs de l’accent renvoient à une origine ? Alors on peut déplacer les particularités connotatives pour conserver cet effet, comme passer par l’accent d’un autre pays, ou encore ajouter des expressions qui vont renforcer l’image identitaire du personnage.
Lorsqu’il est particulièrement compliqué d’être fidèle à l’accent d’un personnage, on peut aussi sous-titrer certaines scènes. Avec une version sous-titrée (VOST), le spectateur entend les voix d’origine et peut donc percevoir ce qui lui aurait échappé dans le doublage. Cela implique toutefois que ça lui parle et donc qu’il connaisse la langue.
S’il existe des escamotages pour rendre un accent à l’oral, comment s’y prendre à l’écrit ? Ça n’est déjà pas simple en version originale, alors comment faire quand on ne peut rien transposer d’autres que des mots pour rester fidèle à tout ce que dégage le texte d’origine ?
La première solution, c’est de reproduire les dialogues de façon phonétique, c’est-à-dire changer des lettres pour imiter la prononciation du personnage qui a un accent. Il faut toutefois que ce soit subtil, par petites touches, d’une part pour que le texte ne devienne pas illisible, d’autre part car on peut tomber dans les clichés et la caricature raciste.
Balzac lui-même tombe dans le piège de la caricature et de la glottophobie quand il retranscrit phonétiquement les propos d’un personnage alsacien (« rassirez-fus » au lieu de « rassurez-vous » par exemple) dans La Cousine Bette…
Sans toucher aux dialogues, il est possible d’ajouter des informations tout autour. Les traducteurs littéraires le savent : les verbes d’incise sont des mines d’or et ils peuvent être complétés pour, de temps en temps, préciser un contexte.
On peut rythmer un dialogue, par exemple, avec : « roucoula-t-il de son accent chantant », « répondit-il, le claquement de sa langue rappelant ses origines sud-africaines »… Les possibilités sont infinies. On peut aussi ajouter que l’accent du personnage ressort ou qu’un autre aime la façon dont son interlocuteur étranger prononce tel ou tel son.
À l’écrit, on peut également s’appuyer sur le paratexte, c’est-à-dire les notes de bas de page et commentaires ajoutés au texte.
Ces solutions sont aussi désormais expérimentées pour les films, avec soit des sous-titrages différenciés de ceux des dialogues dans le cas d’une VOST, soit l’ajout de bulles explicatives sur l’écran afin de donner au spectateur des informations qui lui permettent de saisir tout ce que l’image et le son ne suffisent pas à lui faire comprendre.
À l’écrit comme à l’oral, il existe une solution plus radicale, qui est d’apporter des retouches aux dialogues, pour faire passer les informations voulues sur l’identité du personnage.
Un traducteur peut attribuer à un personnage des fautes de grammaire ou d’accords, pour nous faire comprendre qu’il est étranger. Confondre le masculin et le féminin, par exemple, est un marqueur très simple pour faire passer l’idée d’un accent anglais en français. On peut aussi traduire littéralement certaines expressions idiomatiques, en provoquant des erreurs de langue.
D’autres choisissent de simplifier le propos d’un personnage s’il est étranger. En utilisant une syntaxe basique, calquée sur celle de sa langue d’origine, ou un lexique simple, moins riche que dans la langue maternelle, on suggère là aussi une origine étrangère.
Une autre option est d’ajouter des mots étrangers, des expressions ou interjections dans la langue maternelle du personnage. Il est fréquent de voir des personnages espagnols ou italiens peupler leurs propos de sì au lieu de dire oui par exemple, et cela suffit à suggérer l’intonation de toute son intervention au lecteur.
Mais attention, outre le fait d’obtenir l’effet recherché, l’une des difficultés consiste à conserver une cohérence dans les solutions mises en place, tout au long d’un livre, d’un film ou, plus complexe encore, d’une série qui s’étend dans le temps.
Traducteur littéraire ou adaptateur doublage, ça ne s’improvise pas ! Après avoir lu ces quelques exemples, peut-être réussirez-vous à repérer les techniques employées dans vos prochaines lectures ou les séries étrangères que vous dévorez. Mais si vous souhaitez vous lancer dans l’adaptation d’un contenu, faites confiance aux professionnels du métier.
Sur Traduc.com, vous pouvez faire appel à des traducteurs natifs et expérimentés, pour faire traduire votre livre ou les dialogues d’un programme vidéo par exemple. N’hésitez pas, demandez un devis pour vos traductions !
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